Native de Liège en Belgique, je n’y aurai vécu qu’une petite partie de ma jeunesse.
Au moment où j’écris ces lignes, je me rends compte que j’ai construit mon existence sur une succession de traversées : Rwanda, Burundi, Espagne, Paris, île Maurice, Suisse, Paris encore … Ces tranches de vie ont intimement forgé mon regard. De ces enracinements et déracinements successifs est né, en moi, le besoin irrésistible de dire, de raconter, la vie, les gens, partout, tout le temps.
L’image et la création d’image est un élément central dans tout ce que je fais et, après un Master en littérature, je passe un an à l’Ecole Supérieure des Arts – Saint-Luc Liège pour étudier l’illustration.
L’Andalousie et la danse flamenco m’attirent ensuite à Séville. Pendant trois ans, j’y apprends à discipliner mon corps et mes muscles, prémices d’un travail fondateur sur l’anatomie, le mouvement, l’espace. C’est aussi l’époque où je commence à travailler en communication et en graphisme.
De retour à Bruxelles, je me découvre des affinités avec la gravure dans un atelier de passionnés de la gouge et de la presse.Peu de temps après mon retour belge, je rejoins Paris, par amour… de la vie et de la ville, celle qui a vu passer tant de mes icônes littéraires et plastiques.
Ensuite, ce sera l’île Maurice et sa communauté de peintre qui me donneront l’élan pour travailler encore davantage, la Suisse et enfin le retour à Paris, avec sa vivacité culturelle inépuisable.
Plus inattendues seront les cinq années passées au soleil de l’île Maurice, où les peintres forment une communauté sincère, ce qui régénèrera mon ardeur à travailler ma peinture encore davantage. Par contraste, mon passage par la Suisse et ses décors émouvants de lacs et de montagnes éternelles sera une étape formatrice et déterminante. Me voici de retour à Paris … incroyable ! J’en ai la tête qui tourne encore, peuplée de tant de couleurs de peau, de langues inconnues, de saveurs, de textures …
De tous mes voyages, de tous les pays et de toutes les villes où j’ai vécu, de tous les peuples que j’ai connus, je garde une empreinte : la beauté d’un lieu, le cocasse d’une situation, l’expression unique d’un sourire … Ces visions fugaces nourrissent mon envie de saisir l’instant, de faire un arrêt sur image et de traduire ces moments en dessin, en peinture, en gravure, comme autant de témoignages à moi-même, posés là pour y revenir toujours dans ma vie.
La figure humaine est l’objet central de mon expression artistique. Le visage me passionne et j’aime la puissance du portrait.
Ma technique, je la construis seule, le plus souvent. Parfois, je rejoins des ateliers animés par des artistes de différents horizons comme Allan Ramsay (peintre anglais), Tan Shen (sculpteur chinois dissident œuvrant à Neuchâtel), Nicolas Uribe (peintre colombien), Alexandre Léger et Sébastien Jupille (artistes parisiens) …
Longtemps intimidée par l’huile, j’ai osé m’en approcher grâce à Allan Ramsay et la technique alla prima, que je pratique encore sous le regard exigeant de Nicolas Uribe, connu pour ses célèbres portraits sur papier Moleskine.
En parallèle de mon travail sur le portrait à l’huile, je passe beaucoup de temps à consolider ma maîtrise du dessin. Je nourris également un projet à long terme, fondé sur des albums photos d’inconnus où se racontent des histoires passées – passées comme le sont les couleurs des vieux clichés, passées comme le temps figé sur la pellicule, passées dans le flot flou des souvenirs. Et, comme toujours, je me trouve au mitan des temps, des lieux, des gens et de leurs mémoires.
